Prospérité sans richesses… Par Arimi CHOUBADE

Publié le par OKOYA Francis

Prospérité sans richesses…
Par Arimi CHOUBADE 

Le trésor public déborderait d’or et d’argent. Plus de 1.200 milliards de budget national en 2009 puis en 2010. Du jamais vu sous le renouveau démocratique. Mieux que durant le tour de force de Hercule (1990-1996) considéré comme l’un des exercices de redressement économique les plus périlleux du continent. Le champion c’est donc, sans nul doute, le banquier-président, docteur en économie de développement. D’où vient alors cette gigantesque guérilla syndicale paralysante pour toute l’administration béninoise ? La fonction publique, les affaires étrangères, la santé, l’éducation nationale, la justice, la famille, les finances.... Pas un seul des 30 départements ministériels n’échappe à la grogne. Les femmes des marchés n’arrêtent pas de brailler contre l’amenuisement progressif de la clientèle. Pour enfoncer le clou, les censeurs du Fonds monétaire international brandissent le carton jaune face à une gouvernance publique qui prendrait trop de liberté avec l’orthodoxie. Et pourtant le budget a été presque multiplié par 2 en deux ans.

En entendant que les spécialistes de l’accroissement de budget se penchent sur les contours de l’explosion des prévisions des émergents, le vulgaire chroniqueur se permet quelques niaises observations sur le sujet. Le Bénin du Changement s’est enrichi de quoi ? Du dégringolade de la production du coton ? De la baisse des recettes douanières ? De l’inactivité des milliers de diplômés sans emploi ? De l’oisiveté des petits ouvriers du fait de la crise énergétique ? De la persécution des opérateurs économiques et des institutions de micro-finances ? Il faut plus que des incantations d’un argentier tétanisé par la mésaventure de son prédécesseur pour dissiper le scepticisme ambiant. Tous les acteurs économiques et sociaux scandent en chœur que cela va mal tandis que le gouvernement exhibe un budget en croissance exponentielle ; une véritable abracadabrance.

Impossible d’éviter des conjectures sur l’identité des auteurs de cette richesse virtuelle proclamée. Pas les paysans dépités par les intrants de mauvaise qualité qui leur sont servis à chaque saison agricole. Exit les agents de l’Etat plus abonnés aux grèves perlées, aux sit-in et aux marches de protestation qu’à l’assiduité et l’abnégation au travail. La seule perspective qui s’offre aux milliers de jeunes exclus des marches de soutiens et des meetings de remerciement en l’honneur de Yayi Boni demeure l’oisiveté. On n’ose plus parler de filière économiquement porteuse au Bénin du Changement depuis la chute du coton et la traversée de désert du port de Cotonou réduit à une machine à financer les excentricités des « patriotes » de l’Etat-Fcbe. En définitive, il ne se trouve aucun émergent capable d’expliquer à ses compatriotes comment l’Etat s’est enrichi sans l’aide de ces citoyens de plus en plus pauvres et désemparés sur l’avenir de leur pays.

C’est sans compter avec la mode en vogue depuis avril 2006 ; l’enrichissement sans cause. Dans les allées de la Marina, les gens ont considérablement fait gonfler leurs comptes bancaires en l’espace de quelques mois sans qu’on ne sache exactement comment et pourquoi. Le fantasme autour de virtuels milliards du budget permet de justifier les majestueuses villas présidentielles à Tchaourou, à Parakou ou à Djougou. Le régime n’a jamais caché son admiration pour la duplicité. Lorsqu’il s’agit de lutter contre la vie chère, le chef de l’Etat se voit en un général au front dont les munitions sont terminées. Mais les caisses débordent de liquidités dès qu’il est question de grosses primes aux ministres envoyés en mission d’explication aux quatre coins du pays.

L’abondance aux émergents, la diète aux autres…

arimi choubadé

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